Planter des haies après les avoir arrachées, avoir dessouché, brûlé et s’être aperçu des limites de la démarche, c’est bien. La modernisation et l'intensification de l'agriculture, le manque de considération pour le patrimoine paysager ont entraîné une importante régression des bocages depuis une cinquantaine d’années. Et avec elle, érosion des sols, sensibilité des cultures aux maladies et aux ravageurs, régression de la biodiversité, banalisation des paysages,...
La haie champêtre n'est pas seulement un élément de décor. Il faut réapprendre à connaître et à respecter ce patrimoine, qui a une valeur égale à celle de nos vieilles pierres ou de notre littérature, mais aussi savoir l'utiliser et l'adapter aux enjeux de la vie moderne. Il est possible de conserver un bocage existant ou de recréer un nouveau bocage, toujours utile, fonctionnel et peu contraignant pour qu’il puisse profiter à tous.Donc planter des haies c’est bien. Les planter avec ceux qui auront la charge de notre environnement dans l’avenir, c’est mieux. Et si on plantait une haie avec nos enfants? Après tout, la recette est simple, il suffit de vouloir la suivre :
- Tout d’abord un terrain, pas trop loin de l’école pour l’occasion. Pas trop dur, mais pas trop mou et préparé par nos agents communaux, il doit pouvoir recevoir un bel échantillon de nos espèces végétales locales.
- Justement, il nous faut des arbres (une petite dizaine), des arbustes (4 à 5 fois plus), tous habitués de notre terroir et aptes à retrouver la terre nourricière en ce jour d’octobre. Inutile de planter les buissons et herbes, si tout va bien ils viendront tous seuls ; le seul problème est d’empêcher les Attilas anti-broussailles de sévir dans les prochaines années.
- Des petites mains aux pouces verts (les meilleurs pour faire prospérer des plants, comme Tistou). Une soixantaine d’enfants de l’école devrait convenir parfaitement. Ils sont enthousiastes, appliqués, débordant d’énergie et d’une curiosité qui a tellement tendance à disparaître avec l’âge. Et même les tout petits participeront ; mais ils s’y mettront à 3 ou 4, les arrosoirs sont quand même un peu lourds.
- Quelques adultes auront sans doute à cœur de participer également, institutrices, parents, conseillers municipaux (parfois les mêmes), animateur du Club Nature (parfois les mêmes encore). Un peu de surveillance, quelques conseils et éventuellement la main à la pâte (pardon à la terre) seront leurs missions. Il sera toujours possible de vérifier leur implication à la couleur de leurs doigts à la fin de la plantation ; généralement, ça reste assez propre…
- Il faudra rajouter une pincée de fertilisant sous forme de fumier et quelques ustensiles non contondants nous permettant de creuser un beau trou de 30 centimètres de profondeur. Le fumier au fond du trou, mélangé à la terre nourrira efficacement nos végétaux.
Bien, tout est là, ça fonctionne parfaitement. En 3 vagues tout au long de la journée notre haie s’aligne gentiment : c’est du beau boulot ! Ca creuse, fertilise, échange des idées ou un coup de main, recouvre les racines de terre et arrose le tout. De temps en temps, c’est le copain d’à coté qui est recouvert ou arrosé, mais ça augmente d’autant l’agrément de la chose.
Notre haie plantée, les plus grands seront réuni en fin de journée afin d’acquérir une perception plus théorique et plus large de l’impact de cette action. A partir de données sur la structure des haies, leurs utilisations et leur intérêt, des exemples locaux donnent lieux à un feu roulant de questions et de réflexions : les questions des enfants vont souvent à l’essentiel et sont un redoutable miroir pour nos hésitations et nos compromis. Tout ceci a pour résultat une magnifique journée et beaucoup de fierté d’avoir réalisé quelque chose ensemble, enfants et adultes. En fait d’avoir créé de la Vie, et d’avoir la chance dans les prochaines années de voir croître notre haie afin qu’elle soit un refuge pour la faune et un lieu d’apprentissage et de curiosité pour les hommes. Et peut-être apprendre à l’aimer suffisamment pour éviter de l’arracher sans nécessité réelle et donc ne pas avoir à en replanter…
Nous espérons que cette initiative, aidée par le Conseil Général, et initiée par la Préfecture de Région, sera reconduite l'an prochain.
Marc Vittori
Longessaigne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire